Le 12 avril, le capitaine Leroyer commandant la Cie et le lieutenant Tuezkiewiez partent en reconnaissance, en vue d’une opération projetée dans celui de la 4e armée, 2e corps de cavalerie, 7e division de cavalerie, depuis le saillant des marquises à l’ouest, jusqu’au boyau Chanzy à l’est.
Opération aux Marquises, 4 juin 1916 :
Les reconnaissances se poursuivent jusqu’au 19. Le 20, la Cie débarque en gare de Mourmelon le petit. Le 21, piquetage des abris ; le lendemain, la Cie s’installe à Sept Saulx. Le creusement des abris débute le 24. Le trajet du lieu de cantonnement aux lignes fait environ 20km et demande un trajet en péniche qui prend 2 heures. La Cie est donc transférée à Wez et Thuizi. Une épidémie de rougeole se déclare. Le 2 mai, la construction des postes d’émission s’achève. Le transport des 1800 bouteilles (72 tonnes de chlore) commence le lendemain et s’achève le 6 ; 150 postes d’émission sont garnis de 1793 (1573 chlore-opacite et 220 chlore) bouteilles exactement, sur un front de près de 3km. La Cie est prête à opérer le 8 mai, mais le vent est défavorable les jours qui suivent. A titre d’exercice, la Cie est mise en alerte le 15 ; elle monte aux tranchées et installe le matériel, pour finalement tout re-démonter. Fausse alerte également le 24. Le 26, un ordre de l’armée prescrit de considérer l’émission comme l’opération principale et de ne pas la subordonner à d’autres conditions. Ainsi, l’émission devient possible à partir de 22h00. Le 30 mai, la Cie reçoit ses appareils Tissot nouveau modèle.
Le 4 juin, les conditions favorables semblant se maintenir, l’opération est programmée pour 22h00. Elle se déroule normalement entre 22h00 et 23h00. Une première vague est émise pendant les 30 premières minutes, suivie d’une pose de 10 minute, puis une deuxième vague les 20 dernières minutes. Le vent est constant pendant l’opération, de 2,5 à 3,5 m/s. Les conditions météorologiques sont parfaites. Un sapeur est tué par torpille et 14 sont légèrement intoxiqués (fuites aux bouteilles, rupture de nourrices, déplacement de masques). L’ennemi réagit assez faiblement.
Quatre groupes francs sont envoyés vers les lignes ennemies après l’opération.
Le premiers : Lieutenant Dubois du 248e RI, avec sept gradés et 27 hommes. A l’heure fixée et dès sa sortie des tranchée, il est fixé par un tir très nourri de mitrailleuses et ne peut aller plus loin.
Les trois autres groupes, grâce aux tirs très nourris et extrêmement puissants de notre artillerie, sortent et exécutent point par point le programme fixé. Un est constitué de l’aspirant Pasquier, de 3 sous officiers et de 24 cavaliers du 7e Dragon. Un deuxième par le lieutenant Rousset, 4 brigadiers et 24 cavaliers du 10e chasseur. Le dernier est mené par le lieutenant de Fleurac, avec 2 sous officiers, 4 brigadiers et 19 cavaliers
Quatre prisonniers allemands sont capturés par les éléments de reconnaissance de la 7e DC. Ils ramènent également des plans, des cartes, des documents. Les hommes ont trouvé des fantassins râlant dans leur tranchée, d’autres comme affaiblis par la fatigue respiratoire du masque.
Opération de la ferme de Navarin, côte 150, 25 août 1916 :
Le 11 juin, la Cie se rend à La Veuve pour quelques jours de repos. Puis, le 18, elle se rend au bois de la cote 150 où elle s’installe. La Cie va préparer une opération sur le secteur qui s’étend depuis la route de Saint Hilaire à Saint Souplet (à l’ouest) jusqu'au boyau Durand à l’est ; plusieurs compagnies doivent y participer, sur un front total de 12km. Les reconnaissances commencent le 20 juin. Le 5e bataillon du 296 RI est mis à la disposition de la Cie. Piquetage des abris le 21. Le 23, les abris d’émission sont entamés. 125 postes sont prévus, mais on utilise 40 abris existant qui seront simplement remis en état. Le 30 juin, les abris d’émission sont terminés. Le 3 juillet, arrive en gare 2600 bouteilles ; dès la nuit, 840 sont portées en ligne. Le transport est achevé le 5 juillet ; 2592 bouteilles sont en ligne. Les postes contiennent chacun 20 bouteilles, dont 4 de chlore ; 103 tonnes de toxiques doivent être libérées pour l’opération (près de 35 tonnes par km). La Cie est prête à opérer le 8. Le 19, le détail des opérations de reconnaissances est fixé avec la 17e DI (et 18e DI)(304e Brigade). Le bombardement des premières lignes est de plus en plus important ; ce jour, un sapeur est tué. Le 20, le bombardement s’accroît encore. Une partie du secteur, le boyau PP22, est complètement nivelée. Un caporal de garde de la Cie disparaît ; on retrouve son masque M2 et son équipement avec des papiers personnels ; l’ennemi l’a fait prisonnier au cours de l’une de ses reconnaissances et le secret de l'opération semble compromis. 5 postes d’émission sont complètement éboulés, plusieurs bouteilles sont crevées.
L’opération à lieu dans la nuit du 25 au 26, de 23h00 à 1h00. Comme supposé, les Allemands s'étaient préparés à l'émission.
Le 25, à 21h00, l’ordre d’opération est donné, les PP sont évacués, les boyaux débouchant sur la ligne sont bouchés pour éviter les retours de gaz. La première ligne est évacuée à 22h30 ; les reconnaissances qui doivent opérer après l’émission prennent leurs places.
A 23h00, première vague gazeuse transparente pendant 20 minutes ; un tir de barrage couvre le bruit de l’émission. Un tir d’artillerie est dirigé sur les boyaux ennemis pour toucher ceux qui essaieraient de fuit la vague. Trois autres vagues se suivent : elles durent 30, 20 et 24 minutes. Le vent reste favorable durant les trois premières, mais devient plus important lors de la dernière et disloque en partie la vague. L’ennemi, très vigilant, réagit de suite par un violent tir de barrage, des tirs de fusils et de mitrailleuses très nourris.
A 1h05, cinq reconnaissances (constituée chacune d'un officier, de 20 hommes et de 6 sapeur de la Cie) sortent des tranchées, protégées par le tir de nos mitrailleuses et celui de nos 75. Les Allemands, qui ont réagi jusqu'à ce moment par des tirs soutenus, accélèrent le feu de leurs mitrailleuses et exécutent des tirs de barrage à la grenade quand les patrouilles arrivent devant leurs barbelés. Les quatre patrouilles de droite sont contraintes de rentrer dans nos lignes. Les brèches pratiquées précédemment et entretenues jusqu'alors, avaient été bouchées par l'ennemi. La reconnaissance de gauche menée par le sous lieutenant Auguié du 268e, parvient jusqu'aux barbelés allemands et entreprend de le couper, en soutenant un violent combat à la grenade, le feu des mitrailleuses ennemies et bientôt une contre attaque. Il fut alors contraint de se replier également.
Néanmoins, la vague du faire des victimes sur les pentes de la vallée deLa Py. le lendemain, de nombreux allées et venues derrière les premières lignes allemandes laissaient supposer que de nombreux détachements ennemis durent être surpris et intoxiqués.
L'opération menée vers l'est de la route de Saint Souplet donna les mêmes résultats. Le vent souleva également la dernière vague et les reconnaissances furent stoppées par les nombreux feux d'arrêt allemands. Le 27 août, toute la campagne battue par la vague pris une couleur rouge, l'ensemble des végétaux ayant été brûlés par le chlore. Les jours suivant, de nombreux brancards sont aperçus en arrière des lignes allemandes, des ambulances, des relèves. L'artillerie allemande sera particulièrement calme les jours suivant l'attaque.
Le 1er septembre, la Cie fait route vers Sarry (5km au sud-ouest de Chalons sur Marne) pour prendre quelques jours de repos. Le 6 septembre, le capitaine se rend à Saint Mémie interroger les prisonniers allemands.
Opération du 23 novembre 1916, côte 150, secteur de la 19e DI, avec l'aide de la Cie 32/1 :
Le 18 octobre, la Cie fait route vers Suippes et se rend à la côte 150, au nord de la ferme des Waques. Le 20, elle procède a une remise en état des abris de la côte 150 (secteur d'émission du 25 août et de la ferme de Navarin). Le 22 reconnaissances d'officiers du secteur. Le 24, vérification des bouteilles provenant des opérations précédentes et déposées au parc de Piemont. Le capitaine prend contact avec le chef de bataillon pour y recevoir des instructions (19e DI, 38e brigade). Le 25, piquetage des abris en 1er lignes, entre le boyau du centre et le boyau Durand. 130 abris sont prévus ; 70 existent déjà et la Cie doit construire 60 nouveaux abris pour compléter à 130 en vue de l'émission principale. La Cie 32/1 doit construire 130 abris niches qui doivent être accolés aux abris normaux. Les emplacements de 50 abris supplémentaires ont été piquetés ; ils seront creusés ultérieurement, en vue de procéder à une seconde émission, quelques heures ou quelques jours après la première. Les travaux sont rendus pénibles par le bombardement assez actif des premières lignes ; le 27, deux sapeurs sont tués, le lendemain, un est grièvement blessé. Les pluies incessantes provoquent des éboulements de toute la première ligne ; de nombreux postes sont à refaire. Dans la nuit du 1er au 2 novembre, des pluies diluviennes s'abattent sur le secteur et aggravent encore les éboulements. La plupart des tranchées sont comblées et les abris d'émission également. La décision fut donc prise de surseoir à la construction des abris et de d'entreprendre une réfection systématique des tranchées, en les renforçant. Le personnel disponible est partagé en deux équipes, une de jour et une de nuit. Les travaux sont immédiatement engagés, sous un bombardement important et journalier. Le 5 novembre, le matériel chimique de l'opération principale arrive en gare de Piémont ; il se compose de 1500 bouteilles de chlore-opacite de type lourd et 780 bouteilles chlore-phosgène type moyen (81 tonnes de gaz). Le 7, celui de l'opération secondaire est également réceptionné, 1050 chlore opacite et 200 chlore (50 tonnes de gaz). Dès le lendemain, 8 novembre, le transport en ligne commence, alors que la construction et la réfection des abris se poursuit, le tout sous des bombardements répétés de la 1er ligne. Le 18 novembre, s'achève la construction des abris de la 3iem section (201 à 250) et le transport du matériel chimique, 4170 bouteilles. La Cie est ainsi prête à opérer le 21 et à réaliser le programme prévu, deux émissions successives de 1h et de 40 minutes.
L'opération débute le 23 novembre, à 19h20. Le vent est constant, à 2,5m/s (oscillation entre 3,5 à 1 m/s durant la durée des émissions). La première vague est une vague claire, de chlore-phosgène, qui se confond alors avec le brouillard présent sur le sol. L'effet de surprise est total, aucun bruit d'émission n'étant perceptible. Alors que sirènes, gongs et klaxons ennemis étaient entendus chez l'ennemi, durant ses répétitions d'alerte aux gaz, aucun bruits n'est perçut lors de l'émission. La deuxième vague est émise deux heures après la première, pendant 40 minutes ; nouvelle surprise pour les Allemands, qui finissent par réagir après de longues minutes d'inaction.
A 22h50, les deux groupes chargés des reconnaissances, arrivent dans les petits postes 5 et 6, d'où ils doivent s'élancer. A 22h55, les sapeurs chargés de mettre en oeuvre les charges destinées à détruire les réseaux ennemis, se portent en avant, mais celui de droite est reçu à coups de grenades et de fusils et ne peut exécuter sa mission. A 23h01, la charge de gauche explose et le groupe du 1er bataillon, mené par l'adjudant Lefeujre s'élance. En arrivant à la ligne ennemi, il est reçu par des coups de fusils et des jets de grenades. Le groupe franc a riposté par des jets de grenades et s'est replié vers le petit poste, mais arrivé sur place, manquait l'aspirant Lefeujre et 4 hommes. Par deux fois, les sergents Morel et Lesourd retournèrent avec quelques hommes, et malgré leurs appels et leurs recherches, ils ne ramenèrent que trois hommes vivant. Il manquait l'aspirant Lefeujre et le soldat Ralique. Le sergent Morel fut tué d'une balle dans la tête durant ses recherches. Sur ordre du capitaine Copin, le groupe de droite sous les ordres du sous lieutenant Guyades, part également à la recherche des disparus. Il revient bredouille et le sous lieutenant se fait blesser à la tête par un éclat de grenade.
La Cie compte dix intoxiqués évacués, dont un assez gravement, intoxications provenant de fuites et d'éclatement de nourrices.
Dans le sous secteur de droite, une centaine de bouteilles n'avaient pu être vidées (134 exactement). Elles furent réparties par groupe de trois. Le 25 novembre, une troisième émission est réalisée en ouvrant simultanément toutes ces bouteilles. L'ennemi réagit très violemment à la suite de cette nouvelle émission. Le 26, il déclenche un bombardement intense des premières lignes et des boyaux en représailles.
Opération du 16 février 1917, côte 150 :
Le 3 décembre, après repliement du matériel chimique, la Cie s'installe dans l'ancien cantonnement de la 32/1 aux Wacques. Une nouvelle opération chimique, dans le même secteur, est projetée, sur un front de 1450m. Le 11, le matériel chimique est réceptionné à Piémont : 1850 BO, 680 BC et 950 BOC (127 tonnes de gaz).
Le 12 décembre, tout le personnel disponible est envoyé en première ligne pour la remise en état des tranchées et des abris, en vue d'y acheminer le matériel. On procède à un nouveau piquetage des abris en vue d'une nouvelle répartition des postes d'émission. Le transport commence le 14 décembre. Il s'achève le 23 et est suivi du montage des tuyauteries métalliques, effectué par des groupes spéciaux. La Cie est prête à opérer le 27 décembre. Ce jour, les premières lignes sont inspectées par le commandant Soulié, le commandant Winkler, l'ingénieur Cartier et le capitaine Biet-Charton. Le capitaine Leroyer se rend au QG de la 162e DI qui occupe le secteur limitrophe. Celui-ci demande que rien ne soit entrepris sans son accord. Le 28, les conditions météorologiques sont favorables, mais en l'absence du chef d'état major, la Cie est obligée de se conformer aux demandes de la 162e DI, qui semble opposée à l'opération. Le 30, un caporal de la Cie est expressément détaché auprès du commandant de la 162e DI, pour s'occuper des mesures de sécurité dans ce sous secteur. Le 3 janvier, la Cie reçoit l'ordre de ne pas opérer du 5 au 8 en raison d'une relève de la division. Les bombardements journaliers obligent les sapeurs à une remise en état permanente des postes d'émission. Le 4, l'ennemi opère un coups de main à droite du secteur d'émission, du côté de Navarin et fait 11 prisonnier au 127e RI. Le 5, à la suite d'un très violent bombardement, des reconnaissances ennemies sortent des tranchées et cherchent à pénétrer dans les nôtres sans y parvenir. Dans la région du boyau de l'Est, trois fantassins disparaissent. La relève des troupes du secteur à lieu, le 70e RI est remplacé par le 332e, la 19e DI est remplacée par la 42e DI. Le 8 janvier, le général commandant la 42e DI demande de surseoir à l'opération jusqu'au 15, malgré la demande du capitaine commandant la Cie. Les 11, les conditions sont favorables mais le veto du général est sans appel. Le 14, une instruction est donné à douze fantassins et un capitaine du 332e RI en vue de l'opération et des reconnaissances projetées à sa suite. Le 332e RI se montre extrêmement septique devant les préparatifs de la Cie ; l'ensemble de ses officiers adopte une attitude très réservée et peu bienveillante à l'égard de la Cie. Le 15 janvier, l'infanterie signale une odeur de chlore provenant de la tranchée ennemie et perçue aux petits postes. Un sergent de la Cie constate l'odeur bien caractéristique, perceptible par bouffées d'une minute environ, et à plusieurs reprises. Une vérification complète des installations françaises est ordonnée, mais aucune odeur ni aucune fuite ne peut être constatée. De toute évidence, les Allemands préparent également une émission par vague gazeuse dans leurs lignes. La plus grande vigilance est ordonnée. Le 16, les émanations suspectes de chlore sont à nouveau ressenties.
Le 19 janvier, la 42e DI donne à nouveau l'ordre de surseoir à l'opération, en vue de la relève par la 15e DI. La durée de l'émission projetée est réduite à 1 heure. Le 20 janvier, le capitaine se rend à Bouq pour se présenter au général commandant la 15e DI, dans le but de hâter les mesures susceptibles de permettre de déclencher l'opération le plus vite possible après la relève, avant que les Allemands lance leur attaque chimique. Pour toute réponse, il obtient un délai d'une dizaine de jours, au plus tôt le 28 ou 29 janvier, si l'opération à lieu...
Finalement, les Allemands déclenchent leur opération chimique le 31 janvier à 14h30. Le secteur d'émission est à gauche de la Cie, sur le 6e Régiment Russe. Plusieurs vagues successives sont émises. Le village de Saint Hilaire ainsi que la route de Saint Hilaire à Suippes ont été envahis par les gaz jusqu'à 21h.
La Cie constate la présence dans la vague de phosgène (changement de goût très caractéristique du tabac constaté par les fumeurs).
Le 13 février, deux détachements de sapeurs volontaires sont constitués pour accompagner l'infanterie dans des coups de mains préparé à la 23e et 60e DI., à droite du secteur occupé par la Cie. Le 14, un obus tombe en plein sur un poste d'émission contenant 6 bouteilles de chlore-phosgène. Un dégagement de gaz se produit et trois fantassins sont évacués.
Le 15 février, les coups de main sont effectués à la limite est du secteur de la Cie ; ils permettent de ramener une vingtaine de prisonniers dont un officier. Les sapeurs accompagnant l'infanterie ont pu observer la tranchée ennemie ; ils ne constatent la présence d'aucune bouteille de gaz, mais remarquent de nombreuses niches creusés dans le parapet, qui devaient contenir les cylindres d'acier utilisés pour l'opération.
Le 16 février, l'opération est exécutée dans des conditions favorables. Elle commence à 21h00 et se prolonge jusqu'à 22h30, comme convenu ; la quantité de gaz lâchée est énorme : 90 tonnes par km de front. La Cie déplore 26 intoxiqués légers, toujours en raison d'éclatement de tuyauterie, de fuites aux nourrices ou de fautes individuelles. L'ennemi réagit par un violent tir d'artillerie. Un soldat allemand du 399e IR se rend pendant l'émission. A 1h00, le régiment Russe situé à droite procède également à une émission gazeuse avec la Cie 32/1 (100 tonnes par km).
Le 1er mars, la 60e DI demande deux hommes pour participer à un coup de main sur les tranchées allemandes en avant du bois de la Savate et pour s'assurer qu'aucune préparation d'émission n'est en cours. Trois sapeurs volontaires se rendent en toute hâte au point de RDV ; ils arrivent juste à temps, en plein bombardement, pour prendre part à l'opération qui débute à 17h30. Le coup de main réussit parfaitement : le détachement tue un certain nombre d'Allemands et ramène trois prisonniers. Aucune opération de préparation d'attaque par vague n'est constatée.
Le 20 mars, le capitaine Leroyer est décoré de la Croix de la Légion d'honneur, et deux sapeurs de la croix de Guerre.
Le 27 mars, la Cie fait mouvement sur Courtisols.
Le 13 avril, le capitaine Leroyer part en reconnaissance à la IIe armée en vue d'une opération avec matériel léger. Prise de contact avec le chef d'Etat Major à Souilly, avec le 30e CA à Dieue sur Meuse, avec la 163e DI à Rupt en Woevre. Le 14 avec le commandant du sous secteur de Mouilly. Le 16, prise de contact avec le chef de bataillon commandant le quartier du 53e RIT ; visite de la tranchée d'émission, le front est d'environ 250 mètres. Le détachement qui accompagne le capitaine reste sur plkace et commence immédiatement les travaux, sous le commandement du lieutenant Vinard. Le 19, la Cie est transportée jusqu'à Ancemont en train, puis elle gagne les baraquements des Trois Monts près de Rupt en Woëvre. Le 20, reconnaissance du secteur par les officiers ; le poste météorologique 3 est installé sur les pentes ouest du fort de Génicourt, à 200m environ de l'entrée du fort, côté nord de la route. Le 22, travail dans les abris d'attente. Prise de contact avec le capitaine Juge de la Cie 32/2 (ancienne 22/33), qui prendra la direction de l'ensemble des opérations, Sampie et bois Bouchot.
Le 23, la Cie quitte les baraques des Trois Monts et s'installe à la Châtelaine. Reconnaissance du secteur par le capitaine et prise de contact avec le chef de Bataillon commandant le quartier Turin. Le travail débute dans les abris d'attente. Les capitaines Juge et Leroyer rencontrent le général commandant la 163e DI (4e CA). Le 26, réception du matériel chimique : 250 chlore bouteilles de chlore type léger, 250 chlore-phosgène et 250 chlore-opacite (11,25 tonnes de gaz). Il est transporté par voie de 60 jusqu'à la ferme d'Amblonville. Le 27, les bouteilles sont garnies de leur rembourrage de paille. Une bouteille qui fuit est enterrée sur place. Dans la nuit, les bouteilles sont transportées dans les abris d'attente. La Cie est prête à opérer le 1er mai. Le 4, le 56e BCP qui devait participer aux reconnaissances après l'opération, est relevé par le 85e RI. Le 18, le lieutenant Rödel, désigné pour prendre le commandement de la Cie après le départ du capitaine Leroyer (appelé à l'intérieur comme ingénieur des mines) arrive à la Cie. Le 27e RI remplace le 53e RIT en ligne. Le 28 mai, la Cie est alertée et monte en ligne à 22h00 ; le contre ordre est donné à 0h30. Même situation le 2 juin. Le 10, en raison du départ de la 163e DI du secteur, l'opération est suspendue. Le 15, le capitaine rencontre le nouveau commandant du secteur, occupé par le 131e DI et le général commandant le 30e CA, puis avec le 14e RI qui prend place en premières lignes. Alerte sans suite le 22 juin.
Le 1er juillet, la Cie prend l'appellation de Cie 33/2 du 21e Génie, 2iem groupe Z.
Opération de Fey en Haye, 3 octobre 1917, avec la Cie 33/1 (ex 32/1 et 22/32) :
Le, 2 juillet, le capitaine se rend à Toul et rencontre le capitaine Fustier de la Cie 33/1. Ils vont ensemble à la 53e DI et visites le secteur de Fey en Haye. Le 4, le capitaine Rüdel retourne à Ancemont où il fait embarquer les Cies 33/1 et 33/2. Elles débarquent à Marbache le lendemain. Le 6, la Cie arrive au fond des 4 Vaux ; 2 sections logent au bois de Briélé et 1 au bois de la Lampe. Le 9 a lieu la reconnaissance du secteur par les officiers. Le 11, la Cie cède 170 hommes à la Cie 33/1 pour la construction des abris d'émission. Le 16, la Cie entame la construction de 36 postes dans le secteur de la 33/1. Ces postes sont achevés le 25. L'aménagement de la tranchée d'émission (tranchée de Carency) se poursuit. Le transport du matériel pour la 33/1 débute le 28, il va durer 5 nuits.
Le 8 août, reconnaissance de nouveaux emplacements d'abris à executer dans le secteur de la 306 brigade. Le 5 septembre, l'emplacement des bouteilles est modifié de façon à procéder à l'émission sous un vent de SSE-SO. Plusieurs fausses alertes se succèdent. Enfin, le 2 octobre, la Cie est alertée à 22h15. A 3h15, tout le matériel est en ligne. L'émission débute à 4h00 sous un vent de 1,5 a 2m/s. Le front d'émission de Fey en Haye s'entend de "Marseille" jusqu'au cimetière. Plusieurs vagues se succèdent, claires et opaques. Le capitaine Faugère de la 306e brigade se rend à l'observatoire "Bordeaux" pour assister à l'émission. La vague est accompagnée de tirs d'obus chimiques de tous calibres. Dès le départ, elle s'engage nettement et de façon satisfaisante dans la vallée du bois de Frière, vers Vilcey. L'effet de surprise semble parfaitement réalisé ; les premières cloches d'alarme ne sont entendues que vers 4h15. Les mitrailleuses réalisent des tirs indirects sur tous les points de passage de l'ennemi. L'artillerie de campagne ennemie réagit à partir de 4h30, l'artillerie lourde dès 6h00. L'émission s'arrête à 6h00. L'opération a parfaitement bien réussie
Le 9 octobre, la Cie part pour Charmes au repos, avec la 33/1
La Cie débarque à Bénaménil le 4 novembre et part cantonner à Fremesnil.
Opération de Reillon-Saint Martin du 10 janvier 1918 :
Le 12 novembre, début de construction de 38 abris spéciaux en ligne. Le portage du matériel débute le 26 novembre et s'achève le 2 décembre.
Soit 758 bouteilles demi-lourdes et 760 lourdes (50 tonnes de gaz). La Cie 22/32 porte en ligne 63 tonnes de gaz liquide, la Cie 22/33 porte 61 tonnes de gaz liquide, soit un total de 174 tonnes.
Le 20 décembre, l'ennemi pratique un coup de main sur les positions au nord fu secteur d'émission.
L'instruction sur les projecteurs débute le 25 décembre à Chenevières. Le 28, nouveau coup de main sur les ouvrages situés au nord du secteur d'opération, à 0h00. Violent bombardement avec de nombreux obus asphyxiants. le coup de main cesse à 3h00 ; les Allemands ont fait 4 prisonniers du 232e RI. Le 29, exercice de lancement de projecteurs à la ferme de Marbarelle, près de Fontenoy la Joute.
Le 4 décembre, les Cies ont montées les tuyauteries. Les Cies 33/1 et 34/1 laissent le travail effectué en ligne sous la garde de la Cie. Le 5, essai à la pression des tuyauteries de tout le secteur. Deux sapeurs sont tués aux environs du bois de Blemerey par éclats d'obus. Enfin le 7, les Cies sont prêtent à opérer.
Deux fausse-alertes se succèdent le 8 et 9 janvier. L'opération est exécutée le 10 janvier 1918 de 14h00 à 15h15. A 14h00, émission de la vague claire BC (chlore-phosgène) et CA (Collongite-Aquinite, ou phosgène et chloropicrine), puis vague opaque à 14h30 jusque 15h15. Le vent avoisine les 5 m/s. La Cie déplore trois morts par intoxication, et douze intoxiqués. Chez beaucoup d'hommes, l'effet du gaz ne s'est fait sentir que le lendemain, particularité du mélange CA : phosgène-chloropicrine.
La nuit suivante, une section du 277e R.I. commandée par le sous lieutenant Mailliet effectue à 22h00 un coup de main. Arrivée sur le petit poste ennemi, elle réussit à faire trois prisonniers allemands mais laisse deux cadavres ennemis sur le terrain. ces hommes appartiennent au 448e I.R. de la 233e I.D..
Opération du 2 avril 1918 en forêt de Parroy :
Le 2 février, reconnaissance par le capitaine en forêt de Parroy. Le 6, deux sections quittent le cantonnement et se rendent à pied au camps à Halaumont, en forêt de Parroy. La 1er section est laissée sur place, le camp d'Halaumont ne pouvant recevoir toute la Cie. L'échelon s'installe à Croixmare. Le 9, reconnaissance du secteur par les chefs de section. Le 10, transport du matériel de la gare d'Halaumont au camp et le lendemain débute la construction d'une voie de 0,60 et d'un réseau téléphonique souterrain. Le 12, la section restée sur place rejoint le reste de la Cie. Le 13, le capitaine va en reconnaissance à Montauville voir la Cie 34/1 qui a installée un dispositif de projector. Les 26 et 27, portage du matériel en ligne. Le 6 mars, la Cie est prête à opérer. Le 13, la XCie reçoit l'ordre du général de division d'évacuer la position de batterie le jour même. Toute la Cie est employée pendant la nuit à transporter au lieu de stationnement, les bombes, les charges, les plaques d'appui et les tubes. Le 22, transport du matériel en ligne. le général de division signale que le saillant trapèze, objectif des 4 premières batteries est inoccupé. De nouvelles charges sont placés dans ces batteries pour augmenter leur portée. Le 25, l'opération est suspendue. Le 2 avril, la Cie est alertée à 19h00 et se port aux abris d'attente. L'opération est prévue pour 3h00. Elle est éxecutée à l'heure fixée ; 86 bombes, soit deux batteries ne partent pas.
La Cie ne participe plus à aucune opération chimique jusqu'à la fin du conflit. Elle sera occupée à différents travaux dans d'autres secteurs.
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