Le tampon T
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Le tampon T

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Les 19, 20 et 27 octobre 1915, au cours de plusieurs attaques associant vagues gazeuses et tir d'obus toxiques, la protection apportée par le tampon P2 s'avéra insuffisante. L'ajustage du masque sur le visage autant que la protection chimique contre certaines substances (notamment la palite) seront dénoncés. Dans l'urgence et après plusieurs essais, la Commission de Protection adopta un appareil encore à l'étude, le masque T.

Le docteur Banzet, membre de la Commission de protection, avait réalisé durant le mois d’août 1915, un appareil qui créait une espèce de cage devant les voies respiratoires, et qui semblait répondre aux attentes de la Commission. Des essais réels en chambre infectée avaient donné d’excellents résultats. Le 3 octobre 1915, Banzet présente trois versions de son prototype, réalisées par des confectionneurs différents (Borrel, Régnier et Tambuté). Les trois appareils vont subir toute une série de tests afin de déterminer lequel procure la meilleure protection. Le 24 octobre, de nouveaux essais ont lieu à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris. Chaque appareil est essayé dans une atmosphère chlorée, au repos, en marchant, en courant et en parlant. L’avis sera unanime pour déterminer l’appareil Tambuté comme supérieur aux autres.

Un événement devait conduire à l’adoption et à la production presque immédiate du masque à l’étude. Le 19 octobre au matin, les Allemands effectuent plusieurs attaques par vague de chlore, au sud-est de Reims, sur un front d’une dizaine de kilomètre[1]. Le docteur Flandin et André Kling, chargés des enquêtes au front, se rendent immédiatement sur les lieux, pour procéder à une enquête dans le but de déterminer les substances agressives utilisées par l’ennemi, et de juger de l’efficacité des appareils de protection. Le lendemain, Kling est sur place, dans les boyaux de communication vers les premières lignes, quand une nouvelle attaque par vague gazeuse est déclenchée. Il se trouve au beau milieu de la zone d’émission et ne peut être finalement mieux placé pour observer les effets de la vague. Ces attaques des 19 et 20 octobre vont faire un grand nombre de victimes : 4200 hommes sont évacués dont plus de la moitié d’entre eux dans un état grave ; on déplore plus de 750 morts. L’enquête effectuée met en cause la protection du tampon P2, principalement en raison de sa difficile adaptation au visage. La Commission de protection, le 25 octobre 1915, après lecture des rapports de Kling et de Flandin, adopte le masque Tambuté après quelques modifications au modèle original[2]. La fabrication du masque Tambuté, appelé masque T, commence alors. Les 2000 premiers exemplaires sont livrés dès le 17 novembre. Puis, fin novembre, chaque armée reçoit une dotation de 100 000 masques T. Sur le front, il est distribué aux hommes qui occupent des postes importants, comme les mitrailleurs, les agents de liaison, les officiers… Il est livré dans la pochette S2 destinée aux tampons P2, accompagné de lunettes Meyrowitz en caoutchouc. Le masque T est muni de 3 compresses différentes, comme le tampon P2

La production de tampon T sera de plus d’un million d’exemplaires. Elle s’arrête cependant dans la première semaine du mois de décembre 1915, pour être remplacée par celle des masques TN.


[1] Aucune attaque par vague gazeuse n’avait été tentée depuis mai 1915, si ce n’est celle manquée par bromure de benzyle le 5 octobre 1915, dans le secteur de Perthes-les-Hurlus.

[2] Le professeur Lebeau proposa d’adopter un système de fixation présenté par l’industriel chargé de la fabrication (Dehesdin). Le professeur proposa également d’ajouter une lame métallique, modelable, pour ajuster le ;masque sur le nez).

 

Les premiers masques T sont livrés dès le 17 novembre 1915. Un million de tampons T seront produits.

Voir : La création du masque Tambuté suite à la vague gazeuse de l’attaque des 19 et 20 octobre 1915.

 

  

La transformation des tampons P2

En attendant l’arrivée du nouveau masque T, on essaya d’améliorer la protection du tampon P2. On avait réalisé que les concentrations de chlore atteintes lors des attaques par vagues gazeuses, étaient bien plus importantes que ce que l’on supposait. Lorsque le tampon P2 est appliqué sur le visage, l’air inhalé ne passe qu’au travers d’une zone assez limitée des compresses neutralisantes. Le professeur Lebeau va se pencher sur ce problème et essayer par divers artifices, de contraindre l’air inspiré à passer au travers du maximum de surface de gaze neutralisante. Il propose ainsi, le 18 novembre 1915, de placer un simple fragment d’étoffe imperméable devant les compresses du tampon, pour obliger l’air à passer par la périphérie. De cette manière, la durée de protection est multipliée par deux. Les essais permettent de constater que la protection dans une atmosphère de chlore concentrée (3,2 g/m3) dure plus d’une heure. Le procédé, facile à mettre en œuvre, est adopté, mais intervient au moment où les masques T commencent à être livrés. La modification se fera donc sur un nombre limité de tampons.

Les tampons P2 modifiés en masque T

Au début du mois de décembre, la maison Dehesdin propose de modifier les tampons p2 en masque T. Ce système permet de rendre plus facile l’adaptation du tampon au visage et d’augmenter ses capacités de filtration. « Cette transformation consiste à replier le tampon sur lui même dans le sens de la plus grande dimension et à coudre ensuite l’un des côtés replié. Aux deux extrémités restées libres du grand côté opposé, se trouve adapté un élastique muni d’une boucle de réglage. Au milieu de ce même côté est fixé un ruban terminé par une partie repliée formant boucle, pouvant glisser sur l’élastique. Les anciennes attaches du tampon, croisées sous le menton, doivent ensuite être nouées sur la tête ». Le 29 décembre, une notice est rédigée et adressée aux armées pour leur fournir les indications pratiques permettant d’opérer cette transformation sur place.

 

Les tampons T transformés en TN

Dès la distribution des TN, l’I.E.E.C. étudia la transformation des tampons T en TN. Le remplacement des compresses semblait impossible, mais la transformation du mode d’attache paraissait facilement réalisable. Une proposition est adoptée le 3 février 1916. Pour parer à la difficulté de se procurer le tissu élastique utilisé pour les sangles du masque, on propose d’utiliser  une simple rondelle de caoutchouc dans laquelle vient passer les différents cordons d’attache. Une notice est envoyée aux troupes le 28 février 1916. elle précise la suppression des cordons latéraux du masque T, permettant d’éviter les confusions fréquentes que les hommes commettent entre les différents lacets. Enfin, elle décrit l’ajout d’un anneau de caoutchouc réunissant les lacets de serrage de la coulisse inférieure.

 

 

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