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Fin août 1915, le nouveau tampon polyvalent, appelé P2, commence à être distribué aux armées. Il est constitué d'une enveloppe rectangulaire, dans laquelle on glisse les compresses neutralisantes. Dès le 18 août 1915, il contient une première compresse imprégnée de la solution au ricin-ricinate, appelée C1. La compresse numéro 2, ou C2, imprégnée de phosgiane (protection contre le phosgène), ne commence à être distribuée qu'à partir du 6 octobre 1915. Enfin, la compresse numéro 3 ou C3, au vinciane (protection contre la Vincennite) n'est distribuée qu'à partir du 22 septembre 1915.
Le 24 août 1915, une nouvelle notice est envoyée aux armées. Elle décrit en détail le nouveau tampon, fabriqué par l’intérieur, et doit permettre aux armées de réaliser sa fabrication, plutôt que celle des tampons P décrits dans la notice du 3 août. Le tampon P2 est constitué d’une sorte de portefeuille rectangulaire, l’enveloppe. Elle comporte sur l’un de ses côtés, une ouverture fermée par un rabat, qui permettra d’introduire les nouvelles compresses. Trois lames de fer sont cousues à l’intérieur de l’une des parois. Elles doivent permettre de modeler le tampon suivant la configuration du visage et de créer un espace devant les voies respiratoires. Les attaches de l’appareil sont constituées de deux bandes de tissu souple. A l’intérieur de l’enveloppe, on place les compresses de gaze, dont un seul type existe alors, celui imbibé de la solution de ricin-ricinate. Au début du mois d’août, la fabrication du tampon P2 commence. A la fin du mois, les 10 000 premiers P2 sont livrés à la IIIe armée. Un peu plus tard, la production dépassera les 30 000 unités journalières, mais il ne s’agit toujours que de tampons à une compresse, ne protégeant pas contre le phosgène et les dérivés cyanés. Au cours du mois d’août, deux solutions neutralisant ces substances ont pourtant été proposées. L’acétate basique de nickel[1] d’abord, baptisée Vinciane et neutralisant les dérivés de l’acide cyanhydrique. Malheureusement, on rencontra de sérieuses difficultés pour sa production industrielle et les premières compresses imbibées de ce produit ne sortent de l’usine où elles sont produites que le 22 septembre. Elles portent alors le nom de compresse C3 et sont de couleur verte. Puis, le sulfanilate de soude[2], appelé Phosgiane, est adopté pour arrêter le phosgène. Seulement, on s’aperçoit dès le 23 août que cette substance ne neutralise que de très faibles concentrations de ce gaz. Aucune autre solution n’étant alors envisageable, on finira par distribuer les compresses imbibées de Phosgiane à compter du 6 octobre 1915. Ces compresses, de couleur rose, seront baptisées compresse C2. Le premier type de compresses pour tampon P2, imbibées de ricin-ricinate portent le nom de compresse C1.
La protection qu’apporte le tampon P2 semble alors excellente. Avec plus de 6 mois d’avance sur tous les autres belligérants, amis ou ennemis, il est le premier appareil polyvalent distribué. La protection dans des concentrations de chlore de l’ordre de 1,6 grammes par mètres cube, pouvait atteindre plus de deux heures. Or, on admet à ce moment que cette concentration ne pouvait être atteinte qu’exceptionnellement dans les attaques par vague gazeuses dérivantes ; c’était malheureusement faux… En réalité, l’optimisme des membres de la Commission serait rapidement tempéré par l’utilisation du tampon P2 dans les conditions réelles au front ; nous y reviendrons. La production de tampons P2 par l’E.C.M.C.G.[3] sera d’environ 4 500 000 exemplaires, entre le début du mois d’août et la fin du mois d’octobre. Certaines armées en produiront aussi pour leur compte un nombre indéterminé. Le 18 janvier 1916, tous les tampons non imprégnés seront retournés à l’E.C.M.C.G. et les autres, non distribués, finiront selon une note officielle, comme vieux chiffons. Enfin, le 25 février 1916, tous ceux encore en dotation seront supprimés pour être remplacés par des masques TN. [1] Eudié
par Plantefol au laboratoire du professeur Simon, en collaboration avec le
professeur Lebeau. [2]
Procédé proposé par les Anglais, étudié par les docteurs Flandin et
Banzet, de la faculté de médecine de Paris. [3]
Etablissement Central du Matériel Chimique de Guerre. Pour la partie historique, voir : Les modifications sur les tampons.
Ci-dessous : fabrications probablement réalisées par les armées.
Les tampons P2 seront livrés dans de nouveaux sachets de protection, plus grands, séparés en deux par une cloison transversale permettant d’isoler le tampon d’un côté et les lunettes de l’autre ; il prend l’appellation de sachet S2. Initialement, à défaut de tissu caoutchouté, il est confectionné en tissu teint en bleu violacé. Par la suite, de nouvelles disponibilités en tissu étanche seront constituées et ils seront taillés dans de nombreux types d’étoffe (certainement plus d’une vingtaine différentes, rien que pour la production du Matériel Chimique de Guerre). Les armées en produiront également et dans certains secteurs, des modèles bien spécifiques seront testés.
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