L'obus est un engin étudié pour tuer.Chaque année, ces engins, même restés sous terre pendant plus de 90 années, font de nouvelles victimes. Si ces munitions sont présentées ici, c'est dans le seul but d'étudier leur fonctionnement et de comprendre leurs évolutions tout au long du Premier conflit mondial.
Si vous rencontrez ce genre de munitions, n'y touchez jamais ! Ne les manipulez pas ! Balisez le lieu et prévenez la gendarmerie et la mairie. Le système d'amorçage est particulièrement bien protégé et la corrosion ne peut que le rendre plus sensible. Les munitions chimiques sont successibles de présenter des fuites de toxiques, imperceptibles (toxique incolore, inodore et ne présentant aucun effet à court terme) qui peuvent se révéler mortelles après plusieurs heures.
L’artillerie chimique, d’abord développée parallèlement aux attaques par vague gazeuse, deviendra rapidement, après quelques déconvenues, une forme alternative de dissémination beaucoup plus souple. Elle finira, déjà en 1917 mais surtout à partir de 1918, par supplanter toutes les autres formes.
Devant le développement permanent des mesures de protection et pour conserver le potentiel militaire des armes chimiques, les scientifiques des deux camps vont explorer de nombreuses voies.
En premier lieu, en recherchant et en utilisant des agents chimiques de plus en plus toxiques, ou en innovant par l’utilisation de nouveaux agressifs chimiques, capables de percer la protection respiratoire de l’ennemi.
En deuxième lieu, en améliorant continuellement les méthodes de dispersion. Les obus spéciaux seront l’objet de recherches et d’améliorations permanentes durant toute la durée du conflit. Une des innovations majeure dans le domaine de l’artillerie chimique, fut l’apparition du projecteur Livens.
Alors que les premiers obus toxiques étaient produits à partir d’obus classiques dont on remplaçait la charge explosive par un toxique liquide, les chercheurs allemands modifièrent la structure interne de leurs munitions, en vue d’augmenter leur rendement (volume en cc/poids total en grs).
A la fin de l’année 1915, jugeant que l’utilisation massive des obus toxiques pendant l’été avait été un échec, la production d’obus chimiques était tombée à un niveau très bas (24 000 par mois). Suite à l’utilisation des obus n°5 au phosgène par la France, jugées comme redoutablement efficaces, les ingénieurs allemands produisirent rapidement de nouvelles munitions dont la qualité sera sans cesse améliorée (cette partie fera l’objet d’une étude plus détaillée par la suite).
En 1917, apparaît les obus à croix bleue modifiés, ou obus mixtes. Leur pouvoir brisant avait été nettement amélioré en augmentant leur charge explosive. Leur détonation rendait alors indiscernable à l’oreille la différence entre obus classique ou obus toxique.
Les fusées pour munitions toxiques furent également améliorées, de façon à réduire le temps entre le contact de la fusée avec un obstacle et la détonation de la munition. Cette technique devait permettre de vaporiser le toxique dans l’atmosphère plutôt que dans le sol.
En 1918, les munitions double croix jaune de 150 mm firent leur apparition. A l’explosion, elles projetaient l’ensemble de leur chargement d’ypérite (environ 2,950 litres) vers l’arrière dans l’atmosphère. Le solvant avait été remplacé par un nouveau et l’explosif modifié par un plus puissant, décuplant ainsi le pouvoir toxique de ces obus.
Alors que l’utilisation de munitions chimiques s’avérait plutôt exceptionnelle en 1915 et 1916 (bien moins de 1% sur le total utilisé), à la fin du conflit, elles étaient devenues le moyen de disséminations de l’arme chimique le plus important (94% des agents chimiques selon Olivier Lepick).
La planification de certaines offensives allemandes dans l’Aisne en mai 1918 prévoyait l’utilisation de plus de 80% de munitions chimiques.
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