Les
munitions chimiques françaises.
Organisation des obus chimiques
Généralités
Le chargement des obus toxiques se composait d’un
liquide et très souvent, d’un fumigène. La présence de ce dernier
s’imposa rapidement pour de nombreuses substances. Il permettait le repérage
du tir mais surtout le nuage qu’il formait à l’explosion de l’obus
avait la propriété d’enrober la substance agressive. Cette dernière
devenait beaucoup plus stable et les vapeurs devenaient plus lourdes et
descendaient plus facilement au fond des tranchées et des abris.
Les
liquides spéciaux que l’on souhaitait utiliser possédaient tous une
grande réactivité chimique. Ils pouvaient soit se polymériser spontanément
et devenir inefficaces, soit régir avec l’enveloppe du projectile ou se
détruire au contact d’une autre substance qui devait cohabiter dans
l’enveloppe. En 1915 et 1916, seul deux substances se prêtaient à un
chargement direct dans le corps de l’obus. Il s’agissait de l’acide
cyanhydrique et du phosgène, respectivement chargés dans les obus n°4
et n°5. Citons également
pour mémoire les obus n°1, utilisés très peu de temps. Par la suite,
trois autres substances furent conditionnées de la même façon.
La chloropicrine dans les obus n°7, puis la rationite (n°16) et
enfin l’ypérite (n°20).
C’est peut être une des raisons qui explique que
les substances n°4, 5, 7 et 20 furent les plus utilisées.
La plupart des liquides employés comme substances
lacrymogènes étaient des substances agressives pour l’acier, la fonte
aciérée et l’étain qui recouvre la gaine d’éclatement.
Dans un
premier temps, il fallut envisager de les enfermer dans un récipient en
plomb, et introduire deux récipients demi-cylindriques accolés dans le
corps du projectile. Les orifices de remplissage étaient obturés par des
bouchons à vis et du silicate de soude était versé
par dessus. L’ogive était enfin vissée et fixée par un mastic
à la magnésie. 90 grammes de poudre étaient suffisant pour l’éclatement
du projectile.
Rapidement, un nouveau procédé fut mis au point par les
Cristalleries de Choisy-le-Roy et présenté à la Section des produits
agressifs le 11 octobre 1915. Il consistait à réaliser un verrage,
obtenu en soufflant dans l’obus préalablement chauffé à 400°C une
bouteille de verre. Le procédé fut complètement mis au point par
Monsieur Triquet. Pour protéger la gaine, on effectuait un émaillage à
chaud. Sur cette dernière et dans son prolongement, on soudait un tube émaillé
dans lequel le fumigène prenait place. Cette fabrication fut particulièrement
délicate et ne fut effective qu’à la fin de l’année 1916.
Au point
de chute des obus lacrymogènes, après le tir, le projectile s’ouvrait
et donnait à la fois un nuage blanc de fumigène imprégné de vapeurs du
lacrymogène et une pluie de gouttelettes qui retombaient sur le sol (sur
près de cinquante mètres carrés pour les calibres de 120A et 155F.A).
Ces dernières mettaient pour s’évaporer un temps variable qui assurait
la persistance du toxique. Ces tirs se faisaient déjà à l’aide de grandes
quantités de projectiles. Ainsi, pour une zone de 500 mètres sur 1000,
on recommandait d’utiliser un nombre de projectiles de 75 variant de
25.000 à 100.000.
Chargement
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Atelier de chargement des obus chimiques au fort
d'Aubervilliers. |
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Le chargement dans des ateliers spéciaux et dédiés à ce travail
dangereux fut décidé dès juillet 1915. Trois spécialistes, le colonel
Thouvenin, assisté du capitaine Schmidt et du lieutenant Pargond furent
chargés de la mise en place de ces ateliers, l'un au Fort d'Aubervilliers
pour les obus toxiques et un deuxième au fort de Vincennes pour les obus
incendiaires et lacrymogènes.
Un laboratoire de contrôle des chargements fut
également créé à la Sorbonne et placé sous la direction du professeur
Urbain.
L'atelier d'Aubervilliers fut équipé d'un système
de refroidissement permettant de maintenir sous forme liquide le
chargement et de maintenir également le corps de l'obus à des
températures négatives. Cela était impératif pour les chargement en
phosgène, qui est un gaz à température ordinaire. Le phosgène arrivait
en bouteilles d'acier et était refroidi dès le début de la chaîne à
un température inférieure à -15°C. On effectuait ensuite le mélange
avec le fumigène dans des récipients plongées dans un bain de saumure
à -25°C. Puis le mélange était chargé dans les projectiles maintenus
refroidis. Les obus étaient placés à cet effet dans des alvéoles de
bacs calorifugés et refroidis à -20°C (pour les calibres de 75mm), ou
dans des tunnels dans lesquels circulait de l'air froid. Le chargement en
toxique s'effectuait ensuite sur des rampes automatiques équipés de
système d'aspiration pour éviter les vapeurs nocives au sein de
l'atelier.
Dès fin août 1915, l'ateliers d'Aubervilliers fut
opérationnel. Il resta spécialisé dans le chargement en phosgène
jusque la création de l'atelier de Pont-de-Claix qui devint opérationnel
en juillet 1918.
La Vincennite fut également chargée à
Aubervilliers jusqu'en juin 1917. Dans les premiers mois, l'opération
était réalisée sur la chaîne calorifuge, puis elle s'effectua sans
refroidissement par la suite. L'atelier de Vincennes débuta les
chargement en Vincennite dès avril 1916.
Deux grands ateliers furent créés en 1918 et
entrèrent en service au printemps, Pont-de-Claix et Salaise, dédiés essentiellement
aux chargement d'Ypérite.
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Atelier de chargement des obus chimiques au fort
d'Aubervilliers. Préparation de l'oeil des obus.
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Atelier de chargement des obus chimiques au fort
d'Aubervilliers.
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Atelier de chargement des obus chimiques au fort
d'Aubervilliers. Vérification de la propreté intérieure des obus.
Mastiquage et ajustage des gaines. 31 mai 1917.
On observe très bien la gaine spéciale pour obus
chimiques à profil tronconique.
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Modèles utilisés
- Obus de 75 mm dit Bibloc (rapidement abandonné).
- Obus de 75 mm monobloc type 1900, 1915.
- Obus de 75 mm A 1914.
- Obus de 105 mm Schneider.
- Obus de 120 mm A modèle 1890.
- Obus de 120 mm A modèle 1914.
- Obus de 120 mm FA modèle 1915.
- Obus de 145 mm FA modèle 1916.
- Obus de 155 mm A modèle 1890.
- Obus de 155 mm A modèle 1890/1914.
- Obus de 155 mm FA modèle 1915.
- Obus de 155 mm A modèle 1915 type B.
- Obus de 155 mm FA modèle 1917.
Calibre de 75mm : obus 4, 4B, 5, 7, 8, 9, 12, 14, 16,
20 et 21.
105 mm : obus de 5, 7 et 20.
120 et 145 mm : 5, 7 et 20.
155 mm : 4, 4B, 5, 7, 9, 12, 16, 20, 21
155 GPF : 4, 5 et 7.
Pour réaliser rapidement la production des munitions
chimiques, on ne put envisager la fabrication d’enveloppes appropriées.
On du se résoudre à utiliser les enveloppes existantes, en les modifiant
pour les adapter à cet usage et en sélectionnant celles qui s’y
prêtait le mieux. Par la suite, des études théoriques puis des expériences
de tir devaient permettre d’obtenir les meilleurs résultats. L’amorçage
se révéla un point essentiel et fut l’objet d’études méticuleuses.
Trop fort, le toxique était dissocié et dégradé par la violence de
l’explosion. Trop faible, la dispersion était quasiment nulle.
Dans un
premier temps, on calculait l’énergie nécessaire à la vaporisation du toxique (par exemple, pour l’obus de
75 mm n°4, 67 calories) a laquelle on ajoutait l’énergie nécessaire
à la détente brutale puis à la diffusion du toxique (dans notre
exemple, de 500 ml à 16 m3). Les 25 g de mélinite de l’amorçage
du 75 mm dégageaient ainsi 95 calories. Les expériences de tir réels
montrèrent qu’il était nécessaire de diminuer légèrement la charge
par rapport au calcul théorique ; ils démontrèrent également que
les forces mécaniques dont le projectile était animé
(une grande vitesse de translation et de rotation) avaient également
une grande influence. Il existait ainsi une limite en dessous de laquelle
le liquide n’était plus projeté vers l’arrière de l’obus, mais
entraîné avec le culot dans le sol. D’autres études, météorologiques
évidemment, mais balistiques aussi, comme l’angle de chute, la cadence
du tir, le calibre du projectile, l’utilisation simultanée d’obus
chimiques et d’obus classiques, furent réalisée pour ne rien laisser
au hasard. Les essais allemands étaient bien différents et comportaient
surtout des tests de toxicité ou d’agressivité de l’agent chimique ;
les tests de tir n’étant réalisés que succinctement. Après la déconvenue
liée à l’introduction des obus n°1 en Champagne en septembre 1915,
les chimistes français tirèrent toutes les leçons de cet échec pour ne
plus y être confronté.
Mode de remplissage
Le premier mode de remplissage utilisé nécessitait
de mesurer le volume intérieur de chaque obus, par une méthode dite de
la jauge. En effet, il était
important que le volume de liquide introduit dans le projectile soit inférieure
à la quantité maximale que ce type de projectile pouvait contenir,
diminué du volume correspondant au vide qui doit être laissé en raison
de la dilatation du liquide. Cette technique avait de nombreux défauts,
le principal étant une variation importante du vide intérieur du
projectile. La charge explosive de la gaine fonctionnait ainsi dans des
vides aux valeurs très différentes. Ainsi, la pression qui se développait
à l’explosion variait dans de très grandes proportions, et la rupture
des parois de l’obus se faisait avec des résultats très variables.
La
régularisation du chargement put être réalisée grâce à un procédé
imaginé par l’atelier d’Aubervilliers. Le remplissage, effectué par
un dispositif dit à niveau constant, faisant intervenir un manomètre,
permettait de ménager un vide au dessus du niveau du liquide à peu près
constant. Ainsi, l’éclatement du projectile et la dispersion de son
liquide se faisait toujours dans les meilleurs conditions.
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Organisation du
chargement
L'acide cyanhydrique et le phosgène pouvaient être
chargés directement dans le corps de l'obus. Mais les liquides spéciaux possédaient presque tous une
grande réactivité chimique. Ils pouvaient ne pas supporter le contact
avec l’enveloppe du projectile ou ne pas pouvoir être utilisés en mélange,
se détruisant mutuellement. Dès août 1915, la Commission d'agression
mise en garde par le professeur Urbain décida d'étudier la
compatibilité des chargements avec les métaux. Urbain étudia ce
problème jusqu'en novembre 1915, le professeur Bertrand étudia tout
particulièrement la chloracétone, Nicolardot la chloropicrine, et Lebeau
se chargea de l'étude des lacrymogènes. Des essais furent entrepris avec
des enveloppes intérieures de plomb puis rapidement, le procédé de
verrage fut proposé par Monsieur Triquet des cristalleries de
Choisy-le-Roy. Une année complète serra nécessaire à sa mise au point.
Par la suite, la compatibilité des métaux avec les substances toxiques
fut étudié en détail pour toutes les substances dont le chargement
été envisagé.
L'étude des fumigène fut activement poussée tout
au long du conflit. De nombreux travaux furent réalisés par Lebeau,
Bertrand et Urbain.
Un autre problème se posa : le fumigène était
souvent incompatible avec un chargement toxique. Un premier procédé fut
proposé par Urbain en novembre 1915 : un obus dans lequel lacrymogène et
fumigène étaient enfermés dans deux récipients, l'un en plomb et
l'autre en acier. Le dispositif fut adopté en mai 1916 mais ne donna
jamais satisfaction.
La solution vint d'une idée soumise par le
sous-lieutenant Bongrand qui proposa d'isoler le fumigène dans une gaine
en étain placée au centre de l'obus. L'étain de cette gaine fut ensuite
recouverte d'émail sur une proposition de Monsieur Triquet, en novembre
1915. L'étude de la compatibilité de ce système fut réalisée par
Lebeau et Grignard alors que Delépine se chargeait de l'étude
balistique. Des tirs furent réalisés en juillet 1916 et le système
adopté à la fin de l'année.
Liquide non agressif pour le corps de l’obus et
pour le fumigène
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C’est le cas le plus simple ; le liquide est
directement versé dans le corps de l'obus préalablement
nettoyé. |
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Liquide agressif pour le fumigène
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Au fond de la gaine d’éclatement
de l’obus est soudé un tube (ou gaine
centrale) en tôle mince qui recevra le
liquide fumigène. Le fond de cette gaine
centrale est obstrué par un bouchon en
verre étanché à la paraffine, au ciment
à l’oxychlorure de magnésium et
d’une coupelle métallique. Le
liquide toxique (lacrymogène) est ensuite
versé dans le corps de l’obus. |
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Liquide agressif pour l’obus et le fumigène,
premier cas
La plupart des liquides employés comme lacrymogènes sont
de substances agressives pour l’acier, la
fonte aciérée du corps de l’obus et l’étain qui recouvre
la gaine d’éclatement.
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Le produit toxique et le fumigène sont
isolés séparément dans deux compartiments
demi-cylindriques en plomb, accolés et
calés avec de la paraffine dans un corps
d’obus de 75 mm à shrapnell à charge
arrière. La dispersion des liquides est
assurée par une charge de 90 grammes
de poudre noire, placée dans l’ogive
qui sera initiée par une fusée non-détonateur.
Au départ du coup, les vases en
plomb s’affaissaient et se rompaient. Le
mélange des deux produits qui en
résultait ne présentait pas d’inconvénient pendant
les premières secondes du trajet mais
comme le centre de gravité de l’obus se
déplaçait vers l’arrière, la
trajectoire en était grandement rendue
aléatoire. Le dispositif qui ne donnait pas satisfaction fut
abandonné au profit du suivant, mais seulement quand il put être
mis en fabrication.
Obus n°11 et n°12 |
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Liquide agressif pour l’obus et le fumigène, deuxième
cas
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M. Triquet, des cristalleries de Choisy-le-Roi,
apporta finalement la solution des
problèmes en établissant un procédé de
verrage interne à 400° des corps d’obus
type explosif et en réussissant à fabriquer
une gaine centrale émaillée pour isoler
le fumigène et la charge explosive.
L’intérieur de l’obus est donc chemisé
de verre soufflé d’une épaisseur de 2
mm. Ce principe retenu fin 1916 sera
conservé jusqu’à la fin de la guerre.
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Etanchéité
Les obus spéciaux renfermaient des liquides et des
vapeurs toxiques dont la pression pouvait s'élever assez fortement sous
l'influence de la température ; il fallait donc s'opposer à toute
possibilité de fuites de gaz ou de liquide par le filetage entre l'oeil
de l'obus et la gaine-relais qui le ferme (la gaine est un tube d'acier
fileté et taraudé, servant à fermer l'obus et recevant, en général au
moment du tir, le système d'amorçage destiné à provoquer l'explosion
du chargement).
Le professeur Lebeau se chargea de l'étude de
l'étanchéité au moyen de ciment et mastics spéciaux. Il proposa
en février 1916 un ciment à base de kaolin, de silicate de soude et de
glycérine. Ces travaux furent poursuivis
Obus
de 75 mm.
L’épaulement de l’oeil de l’obus est disposé pour
recevoir une rondelle métalloplastique qui, par
compression de la tête de gaine lors du vissage, forme un joint étanche
en se moulant parfaitement dans son logement. Cette
rondelle est formée par un toron d’amiante recouvert de plomb.
Au cas ou par suite de défaut de
construction ou de mise en place de la rondelle métalloplastique
une fuite éventuelle devait se produire, soit par le joint entre l’oeil
et la tête de gaine, soit par le joint entre la tête de gaine et la
gaine, le produit libéré pouvait s’échapper soit par-dessus le rebord
du bouchon, soit par la collerette et la gaine
et souiller alors le relais d’explosif en
mélinite. Cela pouvait entraîner des accidents
ou rendre l’obus inerte au tir. Il
était nécessaire d’étancher les points
concernés :
En rendant étanche le joint par un
mastic apposé sur le filetage de la tête de
gaine avant le vissage sur l’obus (mélange
kaolin + silicate de soude + glycérine sur les
obus n°4. Mélange kaolin + dextrine +
glycérine + eau ou encore ciment magnésien).
En rendant étanche le joint entre la tête de gaine et la
gaine en soudant la tête de gaine et la gaine
sur le pourtour de la tête de gaine
D'autres procédés furent également utilisés : mastic
caoutchouté, soudure à l’étain-bismuth et immersion de la collerette
du bouchon de gaine dans un bain d’étain
fondu.
Les gaines relais Mle 1897/1914 sont,
en général reçues prêtes à être
utilisées et parfaitement étanches grâce
à l’immersion de la collerette du
bouchon de gaine dans un bain d’étain
fondu et au serrage énergique de la tête
de gaine sur la gaine.
Les gaines, sur les obus
explosifs, sont arrêtées par une
goupille en laiton positionnée à
90°entre les deux encoches de serrage.
Au contraire, les gaines d’obus
à chargement toxiques ne sont pas
bloquées sur l’obus par goupille. L’orifice
est présent mais vide ou rempli de
plomb fondu.
Une tête de gaine de 36,1/47,5 mm
modèle 1897-1914 fut spécialement modifiée vers 1917 pour fermer les
obus chimiques de 75mm. La modification consistait en un secteur
cylindrique ramenant à 45 mm le diamètre externe de la tête et
facilitant le serrage du joint annulaire.
Obus
lourds de 105 mm, 120 mm, 145 mm, 155 mm.
- Gaines pour oeil de 40 mm
Une version modifiée de la gaine de 40 fut produite pour
les munitions chimiques, à tête cylindrique de 50mm de diamètre. Cette
tête permettait un meilleur serrage et la compression correcte d'un joint
d'étanchéité.
Ces gaines recevaient une cartouche de 60 ou 90g de
mélinite, ou une gaine de 30/38 modèle 1888 renfermant une fusée
instantanée de 22/31 mm modèle 1915.
Pour les obus de 105 et 120 modèle 1914 qui présentaient
un oeil de 47mm, une bague réductrice était interposée pour ramener ce
diamètre à 40mm.
a -
Les obus en fonte aciérée de 120,145 et
155 mm sont fermés par une gaine cylindrique
Mle 1895 n°2 pour oeil de 40/55 à
filetage long (11 filets). L’oeil de l’obus
est muni d’une gorge ou embrèvement, de 4 mm
de profondeur et de 50 mm de diamètre,
permettant l’introduction d’une rondelle
métalloplastique qui sera comprimée fortement
lors du vissage de la gaine.
Le filetage long de l’oeil et de la
gaine permet d’obtenir un solide maintient
de la gaine et une étanchéité parfaite renforcée
par du mastic apposé sur les filets, qui durci
et rend inébranlable la gaine aux chocs.
La tête de gaine, de profil cylindrique, typique
des obus de moyens et gros calibres
chargés en produits toxiques, pénètre tout
juste dans l’embrèvement de l’oeil de l’obus.
Le profil cylindrique permet ainsi un serrage optimum de
la gaine sur l’obus et parfait l’écrasement du joint en fond d’embrèvement.
Le joint métalloplastique reflue parfois entre autour
de la tête de gaine et l’embrèvement.
Les obus de première génération,
dans l’attente de fabrication d’une bague de
calage, reçoivent à la place une gaine de 30 mm Mle 1888 qui permet le
vissage de la fusée détonateur percutante de
22/31 Mle 1915.
- b - Gaines pour
oeil de 40 mm
- Obus en acier (A) à oeil
de 40/50 mm.
Les obus en acier de 105 mm, 120 mm et 155
mm Mle 1890 sont fermés par une gaine
cylindrique Mle 1895 N°1 pour oeil de
40/55 à filetage court (3,5 filets). L’oeil
de l’obus est aménagé à l’identique des
obus en fonte aciérée; embrèvement, joint
métalloplastique et mastic sur les filets.
Les obus de 105 et 120 mm à oeil de 47
mm nécessitent une modification de l’oeil. Une
bague de raccordement de 40/47 est introduite et
cimentée dans l’oeil de l’obus pour obtenir
un oeil de 40 mm. L’embrèvement est ensuite
pratiqué pour permettre l’introduction du
joint métalloplastique et le vissage de la
gaine N°1.
Les gaines et bagues de raccord sont
désignées par le diamètre du filetage extérieur
et le millésime de l’année d’adoption d’origine
(gaine de 40/55 Modèle 1895) et un numéro pour
les gaines spéciales. Les gaines de 40 mm
n°1et n°2 ne sont pas bloquées sur l’obus
par goupille. Il
n’y a pas d’orifice prévu à cet usage.
- Obus
en acier de 155 mm à oeil de 63/73.
Les obus d'acier de 155mm, modèle 1890 modifié, 1914 et
1915, présentaient un oeil de 63/73mm. Un gaine spéciale fut élaborée
et mise en production en novembre 1916.
La gaine spéciale de ces obus est
de profil tronconique de 63 mm. L’oeil de 34mm
reçoit un embrèvement pour y disposer un joint métalloplastique qui
sera écrasé par compression lors du vissage de
la gaine spéciale, qui pénètre en partie dans
l’embrèvement. Un ciment magnésien est
déposé sur les filets pour parfaire l’étanchéité. Cette gaine de
grande capacité recevait un chargement spécial de 190g d'explosif.
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A gauche, gaine de 63/70 mm pour obus chimiques.
Au centre, gaine de 40/50 mm pour obus chimiques.
A droite : gaine de 40/55 mm pour obus explosifs. |
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Tête de gaine de 40/50 mm pour obus chimiques en
acier et bague de réduction de calage de 30/24 mm. |
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Gaine de 40/50 à filetage court pour obus
chimiques. |
Gaine de 40/55 à filetage long pour obus chimiques. |
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Chargement
Ce travail délicat fut rendu possible grâce aux
travaux du colonel Thouvenin, assisté du capitaine Schmidt et du
lieutenant Pargond, spécialiste de l'industrie des gaz liquéfiés. Ils
furent chargés en juillet 1915, de l'installation des ateliers de
chargement du fort d'Aubervilliers pour les obus toxiques et de celui de
Vincennes pour les obus incendiaires et lacrymogènes. Un laboratoire de
contrôle du chargement des obus fut créé à la Sorbonne et placé sous
la direction du professeur Urbain.
Fusées (à venir)
Marquages et
identification
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Sur le haut du projectile : numéro code de la
substance utilisée, Initiales de la même substance, atelier de
chargement.
Marquage couleur :
Les obus spéciaux sont peints en vert
Une bande blanche : Toxique fugace nébuleux
Deux bandes blanches : Toxique fugace gazeux
Une bande jaune-orange : Toxique persistant d'agressivité
immédiate
Deux bandes jaune-orange : Toxique persistant
d'agressivité retardée.
Les obus chargés en toxique fugace portent ainsi une
ou deux couronnes blanches (4B, 5 et 8 : une couronne ; 4, deux couronnes)
Les obus chargés en toxique persistant portent une
couronne jaune-orange (sauf ceux chargés avant le 1er janvier 1918)
Les obus de n°5 de 75mm employés pour le réglage
des tirs effectués avec des obus n°9 ou 20 ne comportent pas de
fumigène et recoivent en outre une étoile jaune-orange
Les obus chargés en Ypérite portent deux couronnes
jaune-orange
Pour tous les calibres, le numéro de l'obus est
peint sur l'ogive. Ce numéro est reproduit sur le culot, la douille et
les cartouches de 75
Les lettres placées au dessous du numéro de l'obus
sont les initiales des produits employés. Ceux contenant un fumigène
portent également l'initial de celui-ci. Exemple : MO pour Martonite et O
pour Opacite
Les marques placés en troisième ligne indiquent
l'atelier et la date du chargement. Les marquages d'atelier disparaissent
après octobre 1918 pour être remplacés par des lettres code
conventionnelles.
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