Le 12 avril, le capitaine Leroyer commandant la Cie
et le lieutenant Tuezkiewiez partent en reconnaissance, en vue d’une opération
projetée dans celui de la 4e armée, 2e corps de
cavalerie, 7e division de cavalerie, depuis le saillant des
marquises à l’ouest, jusqu’au boyau Chanzy à l’est.
Opération aux Marquises, 4 juin 1916 :
Les reconnaissances se poursuivent jusqu’au 19. Le
20, la Cie débarque en gare de Mourmelon le petit. Le 21, piquetage des
abris ; le lendemain, la Cie s’installe à Sept Saulx. Le
creusement des abris débute le 24. Le trajet du lieu de cantonnement aux
lignes fait environ 20km et demande un trajet en péniche qui prend 2
heures. La Cie est donc transférée à Wez et Thuizi. Une épidémie de
rougeole se déclare. Le 2 mai, la construction des postes d’émission
s’achève. Le transport des 1800 bouteilles (72 tonnes de chlore)
commence le lendemain et s’achève le 6 ; 150 postes d’émission
sont garnis de 1793 (1573 chlore-opacite et 220 chlore) bouteilles
exactement, sur un front de près de 3km. La Cie est prête à opérer le
8 mai, mais le vent est défavorable les jours qui suivent. A titre
d’exercice, la Cie est mise en alerte le 15 ; elle monte aux tranchées
et installe le matériel, pour finalement tout re-démonter. Fausse alerte
également le 24. Le 26, un ordre de l’armée prescrit de considérer
l’émission comme l’opération principale et de ne pas la subordonner
à d’autres conditions. Ainsi, l’émission devient possible à partir
de 22h00. Le 30 mai, la Cie reçoit ses appareils Tissot nouveau modèle.
Le 4 juin, les conditions favorables semblant se
maintenir, l’opération est programmée pour 22h00. Elle se déroule
normalement entre 22h00 et 23h00. Une première vague est émise pendant
les 30 premières minutes, suivie d’une pose de 10 minute, puis une
deuxième vague les 20 dernières minutes. Le vent est constant pendant
l’opération, de 2,5 à 3,5 m/s. Les conditions météorologiques sont
parfaites. Un sapeur est tué par torpille et 14 sont légèrement
intoxiqués (fuites aux bouteilles, rupture de nourrices, déplacement de
masques). L’ennemi réagit assez faiblement.
Quatre groupes francs sont envoyés vers les lignes
ennemies après l’opération.
Le premiers : Lieutenant Dubois du 248e
RI, avec sept gradés et 27 hommes. A l’heure fixée et dès sa sortie
des tranchée, il est fixé par un tir très nourri de mitrailleuses et ne
peut aller plus loin.
Les trois autres groupes, grâce aux tirs très
nourris et extrêmement puissants de notre artillerie, sortent et exécutent
point par point le programme fixé. Un est constitué de l’aspirant
Pasquier, de 3 sous officiers et de 24 cavaliers du 7e Dragon.
Un deuxième par le lieutenant Rousset, 4 brigadiers et 24 cavaliers du 10e
chasseur. Le dernier est mené par le lieutenant de Fleurac, avec 2 sous
officiers, 4 brigadiers et 19 cavaliers
Quatre prisonniers allemands sont capturés par les
éléments de reconnaissance de la 7e DC. Ils ramènent également
des plans, des cartes, des documents. Les hommes ont trouvé des
fantassins râlant dans leur tranchée, d’autres comme affaiblis par la
fatigue respiratoire du masque.
Opération de la ferme de Navarin, côte 150, 25 août 1916 :
Le 11 juin, la Cie se rend à La Veuve pour quelques
jours de repos. Puis, le 18, elle se rend au bois de la cote 150 où elle
s’installe. La Cie va préparer une opération sur le secteur qui s’étend
depuis la route de Saint Hilaire à Saint Souplet (à l’ouest) jusqu'au
boyau Durand à l’est ; plusieurs compagnies doivent y participer, sur
un front total de 12km. Les reconnaissances commencent le 20 juin. Le 5e
bataillon du 296 RI est mis à la disposition de la Cie. Piquetage des
abris le 21. Le 23, les abris d’émission sont entamés. 125 postes sont
prévus, mais on utilise 40 abris existant qui seront simplement remis en
état. Le 30 juin, les abris d’émission sont terminés.
Le 3 juillet, arrive en gare 2600 bouteilles ; dès la nuit,
840 sont portées en ligne. Le transport est achevé le 5 juillet ;
2592 bouteilles sont en ligne. Les
postes contiennent chacun 20 bouteilles, dont 4 de chlore ; 103
tonnes de toxiques doivent être libérées pour l’opération (près de
35 tonnes par km). La Cie est prête à opérer le 8. Le 19, le détail
des opérations de reconnaissances est fixé avec la 17e DI (et
18e DI)(304e Brigade). Le bombardement des premières
lignes est de plus en plus important ; ce jour, un sapeur est tué.
Le 20, le bombardement s’accroît encore. Une partie du secteur, le
boyau PP22, est complètement nivelée. Un caporal de garde de la Cie
disparaît ; on retrouve son masque M2 et son équipement avec des
papiers personnels ; l’ennemi l’a fait prisonnier au cours de
l’une de ses reconnaissances et le secret de l'opération semble
compromis. 5 postes d’émission sont complètement
éboulés, plusieurs bouteilles sont crevées.
L’opération à lieu dans la nuit du 25 au 26, de
23h00 à 1h00. Comme supposé, les Allemands s'étaient préparés à
l'émission.
Le 25, à 21h00, l’ordre d’opération est donné,
les PP sont évacués, les boyaux débouchant sur la ligne sont bouchés
pour éviter les retours de gaz. La première ligne est évacuée à 22h30 ;
les reconnaissances qui doivent opérer après l’émission prennent
leurs places.
A 23h00, première vague gazeuse transparente pendant
20 minutes ; un tir de barrage couvre le bruit de l’émission. Un
tir d’artillerie est dirigé sur les boyaux ennemis pour toucher ceux
qui essaieraient de fuit la vague. Trois autres vagues se suivent :
elles durent 30, 20 et 24 minutes. Le vent reste favorable durant les
trois premières, mais devient plus important lors de la dernière et
disloque en partie la vague. L’ennemi, très vigilant, réagit de suite
par un violent tir de barrage, des tirs de fusils et de mitrailleuses très
nourris.
A 1h05, cinq reconnaissances (constituée chacune
d'un officier, de 20 hommes et de 6 sapeur de la Cie) sortent des
tranchées, protégées par le tir de nos mitrailleuses et celui de nos
75. Les Allemands, qui ont réagi jusqu'à ce moment par des tirs
soutenus, accélèrent le feu de leurs mitrailleuses et exécutent des
tirs de barrage à la grenade quand les patrouilles arrivent devant leurs
barbelés. Les quatre patrouilles de droite sont contraintes de rentrer
dans nos lignes. Les brèches pratiquées précédemment et entretenues
jusqu'alors, avaient été bouchées par l'ennemi. La reconnaissance de
gauche menée par le sous lieutenant Auguié du 268e, parvient jusqu'aux barbelés
allemands et entreprend de le couper, en soutenant un violent combat à la
grenade, le feu des mitrailleuses ennemies et bientôt une contre attaque.
Il fut alors contraint de se replier également.
Néanmoins, la vague du faire des victimes sur les
pentes de la vallée deLa Py. le lendemain, de nombreux allées et venues
derrière les premières lignes allemandes laissaient supposer que de
nombreux détachements ennemis durent être surpris et intoxiqués.
L'opération menée vers l'est de la route de Saint
Souplet donna les mêmes résultats. Le vent souleva également la
dernière vague et les reconnaissances furent stoppées par les nombreux
feux d'arrêt allemands. Le 27 août, toute la campagne battue par la
vague pris une couleur rouge, l'ensemble des végétaux ayant été
brûlés par le chlore. Les jours suivant, de nombreux brancards sont aperçus
en arrière des lignes allemandes, des ambulances, des relèves.
L'artillerie allemande sera particulièrement calme les jours suivant
l'attaque.
Le 1er septembre, la Cie fait route vers Sarry (5km au sud-ouest de Chalons
sur Marne) pour prendre quelques jours de repos. Le 6 septembre, le
capitaine se rend à Saint Mémie interroger les prisonniers allemands.
Opération du 23 novembre 1916, côte 150, secteur de la 19e DI,
avec l'aide de la Cie 32/1 :
Le 18 octobre, la Cie fait route vers Suippes et se rend à la côte
150, au nord de la ferme des Waques. Le 20, elle procède a une remise en
état des abris de la côte 150 (secteur d'émission du 25 août et de la
ferme de Navarin). Le 22 reconnaissances d'officiers du secteur. Le 24,
vérification des bouteilles provenant des opérations précédentes et
déposées au parc de Piemont. Le capitaine prend contact avec le chef de
bataillon pour y recevoir des instructions (19e DI, 38e brigade). Le 25,
piquetage des abris en 1er lignes, entre le boyau du centre et le boyau Durand. 130 abris sont prévus ; 70 existent
déjà et la Cie doit construire 60 nouveaux abris pour compléter à 130
en vue de l'émission principale. La Cie 32/1 doit construire 130 abris
niches qui doivent être accolés aux abris normaux. Les emplacements de
50 abris supplémentaires ont été piquetés ; ils seront creusés
ultérieurement, en vue de procéder à une seconde émission, quelques
heures ou quelques jours après la première. Les travaux sont rendus
pénibles par le bombardement assez actif des premières lignes ; le 27,
deux sapeurs sont tués, le lendemain, un est grièvement blessé. Les
pluies incessantes provoquent des éboulements de toute la première ligne
; de nombreux postes sont à refaire. Dans la nuit du 1er au 2 novembre,
des pluies diluviennes s'abattent sur le secteur et aggravent encore les
éboulements. La plupart des tranchées sont comblées et les abris d'émission
également. La décision fut donc prise de surseoir à la construction des
abris et de d'entreprendre une réfection systématique des tranchées, en
les renforçant. Le personnel disponible est partagé en deux équipes,
une de jour et une de nuit. Les travaux sont immédiatement engagés, sous
un bombardement important et journalier. Le 5 novembre, le matériel
chimique de l'opération principale arrive en gare de Piémont ; il se
compose de 1500 bouteilles de chlore-opacite de type lourd et 780
bouteilles chlore-phosgène type moyen (81 tonnes de gaz). Le 7, celui de
l'opération secondaire est également réceptionné, 1050 chlore opacite
et 200 chlore (50 tonnes de gaz). Dès le lendemain, 8 novembre, le
transport en ligne commence, alors que la construction et la réfection
des abris se poursuit, le tout sous des bombardements répétés de la 1er
ligne. Le 18 novembre, s'achève la construction des abris de la 3iem
section (201 à 250) et le transport du matériel chimique, 4170
bouteilles. La Cie est ainsi prête à opérer le 21 et à réaliser
le programme prévu, deux émissions successives de 1h et de 40 minutes.
L'opération débute le 23 novembre, à 19h20. Le vent est constant, à
2,5m/s (oscillation entre 3,5 à 1 m/s durant la durée des émissions).
La première vague est une vague claire, de chlore-phosgène, qui se
confond alors avec le brouillard présent sur le sol. L'effet de surprise
est total, aucun bruit d'émission n'étant perceptible. Alors que
sirènes, gongs et klaxons ennemis étaient entendus chez l'ennemi, durant
ses répétitions d'alerte aux gaz, aucun bruits n'est perçut lors de
l'émission. La deuxième vague est émise deux heures après la
première, pendant 40 minutes ; nouvelle surprise pour les Allemands, qui
finissent par réagir après de longues minutes d'inaction.
A 22h50, les deux groupes chargés des reconnaissances, arrivent dans
les petits postes 5 et 6, d'où ils doivent s'élancer. A 22h55, les
sapeurs chargés de mettre en oeuvre les charges destinées à détruire
les réseaux ennemis, se portent en avant, mais celui de droite est reçu
à coups de grenades et de fusils et ne peut exécuter sa mission. A
23h01, la charge de gauche explose et le groupe du 1er bataillon, mené
par l'adjudant Lefeujre s'élance. En arrivant à la ligne ennemi, il est
reçu par des coups de fusils et des jets de grenades. Le groupe franc a
riposté par des jets de grenades et s'est replié vers le petit poste,
mais arrivé sur place, manquait l'aspirant Lefeujre et 4 hommes. Par deux
fois, les sergents Morel et Lesourd retournèrent avec quelques hommes, et
malgré leurs appels et leurs recherches, ils ne ramenèrent que trois
hommes vivant. Il manquait l'aspirant Lefeujre et le soldat Ralique. Le
sergent Morel fut tué d'une balle dans la tête durant ses recherches.
Sur ordre du capitaine Copin, le groupe de droite sous les ordres du sous
lieutenant Guyades, part également à la recherche des disparus. Il
revient bredouille et le sous lieutenant se fait blesser à la tête par
un éclat de grenade.
La Cie compte dix intoxiqués évacués, dont un assez gravement,
intoxications provenant de fuites et d'éclatement de nourrices.
Dans le sous secteur de droite, une centaine de bouteilles
n'avaient pu être vidées (134 exactement). Elles furent réparties
par groupe de trois. Le 25 novembre, une troisième émission est
réalisée en ouvrant simultanément toutes ces bouteilles. L'ennemi
réagit très violemment à la suite de cette nouvelle émission. Le 26,
il déclenche un bombardement intense des premières lignes et des boyaux
en représailles.
Opération du 16 février 1917, côte 150 :
Le 3 décembre, après repliement du matériel chimique, la Cie
s'installe dans l'ancien cantonnement de la 32/1 aux Wacques. Une nouvelle
opération chimique, dans le même secteur, est projetée, sur un front de
1450m. Le 11, le matériel chimique est réceptionné à Piémont : 1850
BO, 680 BC et 950 BOC (127 tonnes de gaz).
Le 12 décembre, tout le personnel disponible est envoyé en première
ligne pour la remise en état des tranchées et des abris, en vue d'y
acheminer le matériel. On procède à un nouveau piquetage des abris en
vue d'une nouvelle répartition des postes d'émission. Le transport
commence le 14 décembre. Il s'achève le 23 et est suivi du montage des
tuyauteries métalliques, effectué par des groupes spéciaux. La Cie est
prête à opérer le 27 décembre. Ce jour, les premières lignes sont
inspectées par le commandant Soulié, le commandant Winkler, l'ingénieur
Cartier et le capitaine Biet-Charton. Le capitaine Leroyer se rend au QG
de la 162e DI qui occupe le secteur limitrophe. Celui-ci demande que rien
ne soit entrepris sans son accord. Le 28, les conditions météorologiques
sont favorables, mais en l'absence du chef d'état major, la Cie est
obligée de se conformer aux demandes de la 162e DI, qui semble opposée
à l'opération. Le 30, un caporal de la Cie est expressément détaché
auprès du commandant de la 162e DI, pour s'occuper des mesures de
sécurité dans ce sous secteur. Le 3 janvier, la Cie reçoit l'ordre de
ne pas opérer du 5 au 8 en raison d'une relève de la division. Les
bombardements journaliers obligent les sapeurs à une remise en état
permanente des postes d'émission. Le 4, l'ennemi opère un coups de main
à droite du secteur d'émission, du côté de Navarin et fait 11
prisonnier au 127e RI. Le 5, à la suite d'un très violent bombardement,
des reconnaissances ennemies sortent des tranchées et cherchent à
pénétrer dans les nôtres sans y parvenir. Dans la région du boyau de
l'Est, trois fantassins disparaissent. La relève des troupes du secteur
à lieu, le 70e RI est remplacé par le 332e, la 19e DI est remplacée par
la 42e DI. Le 8 janvier, le général commandant la 42e DI demande de
surseoir à l'opération jusqu'au 15, malgré la demande du capitaine
commandant la Cie. Les 11, les conditions sont favorables mais le veto du
général est sans appel. Le 14, une instruction est donné à douze
fantassins et un capitaine du 332e RI en vue de l'opération et des
reconnaissances projetées à sa suite. Le 332e RI se montre extrêmement
septique devant les préparatifs de la Cie ; l'ensemble de ses officiers
adopte une attitude très réservée et peu bienveillante à l'égard de
la Cie. Le 15 janvier, l'infanterie signale une odeur de chlore provenant
de la tranchée ennemie et perçue aux petits postes. Un sergent de la Cie
constate l'odeur bien caractéristique, perceptible par bouffées d'une
minute environ, et à plusieurs reprises. Une vérification complète des
installations françaises est ordonnée, mais aucune odeur ni aucune fuite
ne peut être constatée. De toute évidence, les Allemands préparent
également une émission par vague gazeuse dans leurs lignes. La plus
grande vigilance est ordonnée. Le 16, les émanations suspectes de chlore
sont à nouveau ressenties.
Le 19 janvier, la 42e DI donne à nouveau l'ordre de surseoir à
l'opération, en vue de la relève par la 15e DI. La durée de l'émission
projetée est réduite à 1 heure. Le 20 janvier, le capitaine se rend à
Bouq pour se présenter au général commandant la 15e DI, dans le but de
hâter les mesures susceptibles de permettre de déclencher l'opération
le plus vite possible après la relève, avant que les Allemands lance
leur attaque chimique. Pour toute réponse, il obtient un délai d'une
dizaine de jours, au plus tôt le 28 ou 29 janvier, si l'opération à
lieu...
Finalement, les Allemands déclenchent leur opération chimique le 31
janvier à 14h30. Le secteur d'émission est à gauche de la Cie, sur le
6e Régiment Russe. Plusieurs vagues successives sont émises. Le village
de Saint Hilaire ainsi que la route de Saint Hilaire à Suippes ont été
envahis par les gaz jusqu'à 21h.
La Cie constate la présence dans la vague de phosgène (changement de
goût très caractéristique du tabac constaté par les fumeurs).
Le 13 février, deux détachements de sapeurs volontaires sont
constitués pour accompagner l'infanterie dans des coups de mains
préparé à la 23e et 60e DI., à droite du secteur occupé par la Cie.
Le 14, un obus tombe en plein sur un poste d'émission contenant 6
bouteilles de chlore-phosgène. Un dégagement de gaz se produit et trois
fantassins sont évacués.
Le 15 février, les coups de main sont effectués à la limite est du
secteur de la Cie ; ils permettent de ramener une vingtaine de prisonniers
dont un officier. Les sapeurs accompagnant l'infanterie ont pu observer la
tranchée ennemie ; ils ne constatent la présence d'aucune bouteille de
gaz, mais remarquent de nombreuses niches creusés dans le parapet, qui
devaient contenir les cylindres d'acier utilisés pour l'opération.
Le 16 février, l'opération est exécutée dans des conditions
favorables. Elle commence à 21h00 et se prolonge jusqu'à 22h30, comme
convenu ; la quantité de gaz lâchée est énorme : 90 tonnes par km de
front. La Cie déplore 26 intoxiqués légers, toujours en raison
d'éclatement de tuyauterie, de fuites aux nourrices ou de fautes
individuelles. L'ennemi réagit par un violent tir d'artillerie. Un soldat
allemand du 399e IR se rend pendant l'émission. A 1h00, le régiment
Russe situé à droite procède également à une émission gazeuse avec
la Cie 32/1 (100 tonnes par km).
Le 1er mars, la 60e DI demande deux hommes pour participer à un coup
de main sur les tranchées allemandes en avant du bois de la Savate
et pour s'assurer qu'aucune préparation d'émission n'est en cours. Trois sapeurs volontaires se rendent en toute hâte au point
de RDV ; ils arrivent juste à temps, en plein bombardement, pour prendre
part à l'opération qui débute à 17h30. Le coup de main réussit
parfaitement : le détachement tue un certain nombre d'Allemands et
ramène trois prisonniers. Aucune opération de préparation d'attaque par
vague n'est constatée.
Le 20 mars, le capitaine Leroyer est décoré de la Croix de la Légion
d'honneur, et deux sapeurs de la croix de Guerre.
Le 27 mars, la Cie fait mouvement sur Courtisols.
Le 13 avril, le capitaine Leroyer part en reconnaissance à la IIe
armée en vue d'une opération avec matériel léger. Prise de contact
avec le chef d'Etat Major à Souilly, avec le 30e CA à Dieue sur Meuse,
avec la 163e DI à Rupt en Woevre. Le 14 avec le commandant du sous
secteur de Mouilly. Le 16, prise de contact avec le chef de bataillon
commandant le quartier du 53e RIT ; visite de la tranchée d'émission, le
front est d'environ 250 mètres. Le détachement qui accompagne le
capitaine reste sur plkace et commence immédiatement les travaux, sous le
commandement du lieutenant Vinard. Le 19, la Cie est transportée jusqu'à
Ancemont en train, puis elle gagne les baraquements des Trois Monts près
de Rupt en Woëvre. Le 20, reconnaissance du secteur par les officiers ;
le poste météorologique 3 est installé sur les pentes ouest du fort de
Génicourt, à 200m environ de l'entrée du fort, côté nord de la route.
Le 22, travail dans les abris d'attente. Prise de contact avec le
capitaine Juge de la Cie 32/2 (ancienne 22/33), qui prendra la direction
de l'ensemble des opérations, Sampie et bois Bouchot.
Le 23, la Cie quitte les baraques des Trois Monts et s'installe à la
Châtelaine. Reconnaissance du secteur par le capitaine et prise de
contact avec le chef de Bataillon commandant le quartier Turin. Le travail
débute dans les abris d'attente. Les capitaines Juge et Leroyer
rencontrent le général commandant la 163e DI (4e CA). Le 26, réception
du matériel chimique : 250 chlore bouteilles de chlore type léger, 250
chlore-phosgène et 250 chlore-opacite (11,25 tonnes de gaz). Il est
transporté par voie de 60 jusqu'à la ferme d'Amblonville. Le 27, les
bouteilles sont garnies de leur rembourrage de paille. Une bouteille qui
fuit est enterrée sur place. Dans la nuit, les bouteilles sont
transportées dans les abris d'attente. La Cie est prête à opérer le
1er mai. Le 4, le 56e BCP qui devait participer aux reconnaissances après
l'opération, est relevé par le 85e RI. Le 18, le lieutenant Rödel,
désigné pour prendre le commandement de la Cie après le départ du
capitaine Leroyer (appelé à l'intérieur comme ingénieur des mines)
arrive à la Cie. Le 27e RI remplace le 53e RIT en ligne. Le 28 mai, la
Cie est alertée et monte en ligne à 22h00 ; le contre ordre est donné
à 0h30. Même situation le 2 juin. Le 10, en raison du départ de la 163e
DI du secteur, l'opération est suspendue. Le 15, le capitaine rencontre
le nouveau commandant du secteur, occupé par le 131e DI et le général
commandant le 30e CA, puis avec le 14e RI qui prend place en premières
lignes. Alerte sans suite le 22 juin.
Le 1er juillet, la Cie prend l'appellation de Cie 33/2 du 21e Génie,
2iem groupe Z.
Opération de Fey en Haye, 3 octobre 1917, avec la Cie 33/1 (ex 32/1
et 22/32) :
Le, 2 juillet, le capitaine se rend à Toul et rencontre le capitaine
Fustier de la Cie 33/1. Ils vont ensemble à la 53e DI et visites le
secteur de Fey en Haye. Le 4, le capitaine Rüdel retourne à
Ancemont où il fait embarquer les Cies 33/1 et 33/2. Elles débarquent à
Marbache le lendemain. Le 6, la Cie arrive au fond des 4 Vaux ; 2 sections
logent au bois de Briélé et 1 au bois de la Lampe. Le 9 a lieu la
reconnaissance du secteur par les officiers. Le 11, la Cie cède 170
hommes à la Cie 33/1 pour la construction des abris d'émission. Le 16,
la Cie entame la construction de 36 postes dans le secteur de la 33/1. Ces
postes sont achevés le 25. L'aménagement de la tranchée d'émission
(tranchée de Carency) se poursuit. Le transport du matériel pour la 33/1
débute le 28, il va durer 5 nuits.
Le 8 août, reconnaissance de nouveaux emplacements d'abris à executer
dans le secteur de la 306 brigade. Le 5 septembre, l'emplacement des
bouteilles est modifié de façon à procéder à l'émission sous un vent
de SSE-SO. Plusieurs fausses alertes se succèdent. Enfin, le 2 octobre,
la Cie est alertée à 22h15. A 3h15, tout le matériel est en ligne.
L'émission débute à 4h00 sous un vent de 1,5 a 2m/s. Le front
d'émission de Fey en Haye s'entend de "Marseille" jusqu'au
cimetière. Plusieurs vagues se succèdent, claires et opaques. Le
capitaine Faugère de la 306e brigade se rend à l'observatoire
"Bordeaux" pour assister à l'émission. La vague est
accompagnée de tirs d'obus chimiques de tous calibres. Dès le départ,
elle s'engage nettement et de façon satisfaisante dans la vallée du bois
de Frière, vers Vilcey. L'effet de surprise semble parfaitement réalisé
; les premières cloches d'alarme ne sont entendues que vers 4h15. Les
mitrailleuses réalisent des tirs indirects sur tous les points de passage
de l'ennemi. L'artillerie de campagne ennemie réagit à partir de 4h30,
l'artillerie lourde dès 6h00. L'émission s'arrête à 6h00. L'opération
a parfaitement bien réussie
Le 9 octobre, la Cie part pour Charmes au repos, avec la 33/1
La Cie débarque à Bénaménil le 4 novembre et part cantonner à
Fremesnil.
Opération de
Reillon-Saint Martin du 10 janvier 1918 :
Le 12 novembre, début de construction
de 38 abris spéciaux en ligne. Le
portage du matériel débute le 26 novembre et s'achève le 2 décembre.